Voyage en famille autour du monde
La chaîne Voyage diffuse 2 séries dédiées au… voyage, mais sous une forme un peu particulière : le voyage en famille. Et dans ces deux cas, on ne parle pas de 10 jours en all-inclusive dans un hôtel du Sud de l’Espagne, mais d’un vrai road-trip de plusieurs années autour du monde, par deux familles de vrais aventuriers, des routards aguerris et positifs et… leurs jeunes enfants.
La famille Poussin, Alexandre, Sonia et leurs enfants Philaé, 11 ans, et Ulysse, 8 ans, ont le voyage dans la peau. Alexandre Poussin est un aventurier dans l’âme, qui a fait le tour du monde à bicyclette en 1994 avec son ami Sylvain Tesson, parcourant 25000 kilomètres et traversant 35 pays avec 1000 dollars en poche. Ils ont raconté leur aventure dans On a roulé sur la Terre, un gros succès de librairie qui leur permettra de financer leur deuxième odyssée, la traversée de l’Himalaya à pied, décrit comme le plus grand trek du monde : 6 000 kilomètres d’une seule foulée, du Bhoutan au Tadjikistan, en traversant neuf pays sans guide et sans porteurs, avec un simple sac de 7 kg. Un exploit resté inégalé, dont ils ont tiré leur deuxième livre à quatre mains, La Marche dans le ciel et le film “Ils ont marché dans le ciel”, qui a beaucoup contribué à leur notoriété.
Avec sa femme Sonia, il se lance en 2001 dans une expédition plein de sens : l’Africa Trek, pendant laquelle ils traversent l’Afrique du Sud au Nord, pour refaire symboliquement le voyage des premiers hommes. 14 000 kilomètres, soit trois ans et trois mois de marche à pied, en recevant l’hospitalité des habitants ou en survivant sous leur tente grâce à des soupes aux nouilles ou des vivres achetés en chemin. Au total, ils ont traversé onze pays, rencontré plus de mille deux cents familles, et… conçu leur fille. Ce voyage est raconté dans les livres Africa Trek Tome 1 et Tome 2 et dans un triple DVD qui regroupe leur série documentaire de douze épisodes et leur long métrage éponyme primé dans de nombreux festivals.
Alexandre Poussin a également tiré des ses voyages un livre de réflexions sur l’écologie, l’énergie, la démographie et la philosophie de vie : Marche Avant, Vademecum à l’usage des voyageurs immobiles et des aventuriers de grand chemin, paru en 2010.
Alexandre et sa femme traversent en ce moment l’île de Madagascar avec leurs deux enfants pour leur « Madatrek », dont le but est tout aussi humaniste que leurs aventures précédentes : traverser l’Afrique pour la présenter avec un œil neuf, loin des clichés et préjugés, et cette fois traverser Madagascar en charrette pour mettre en lumière douze associations humanitaires œuvrant à la reconstruction du pays, à la préservation de l’environnement et à l’amélioration des conditions de vie des populations locales, des laissés pour compte et des plus vulnérables. Un pari fou dont le but est de récolter des fonds pour ces missions d’aide et d’urgence via le site de financement participatif Ulule. A ce jour, 10 000 euros de dons ont d’ores et déjà été récoltés.
Les Cebron se baladent eux sur les écrans de France 5, France Ô et Voyage, qui diffusent en ce moment “Martin autour du monde”, une série documentaire dédiée à l’environnement et la recherche de solutions alternatives tournée en Amérique du Sud et réalisée par Frédéric Cebron, le père de Martin, son petit héros d’un monde plus vert.
21 films de 52 minutes, « Une famille, un camion en guise de maison, déjà 6 ans et 56 pays visités, Fred, Laure, Martin et Chine poursuivent leur tour du monde à la rencontre de celles et ceux qui réconcilient l’homme et la nature. En réalisant le rêve de nombreuses familles, ils prouvent qu’il est encore possible de « faire la route » et d’emmener ses enfants visiter tous les pays, même les plus improbables… ». Une aventure de vie dont l’objectif, en plus de réaliser leur rêve de voyager et de faire découvrir le monde à leurs enfants, est de promouvoir les merveilles de notre planète et les hommes et femmes qui agissent pour la protéger, via leurs activités professionnelles, associatives ou personnelles.
En plus de nous permettre de découvrir de splendides paysages du monde, ils nous donnent le sourire en démontrant que l’humanité a les ressources pour vivre en harmonie avec la nature sans abîmer les ressources qu’elle nous offre. Fred Cebron défend le principe d’écologie du bonheur : la capacité de la nature et d’un lien intime et sain avec elle à nous rendre heureux. Il anime également un site qui permet de suivre l’aventure en direct et d’écrire un « carnet de route » sur les sujets dédiés au développement durable abordés pendant leurs périples.
Ce qui est inspirant dans la vie de ces deux familles :
La famille Poussin vit la vie qui leur ressemble : une vie de voyage et de découvertes. Alexandre Poussin a été victime d’une chute à l’âge de 13 ans qui l’a forcé à passer près d’un an à l’hôpital, mais a décidé de ne pas accepter le diagnostic qui le condamnait à ne plus pouvoir marcher. A 23 ans, il est donc parti faire le tour du monde à bicyclette, puis a traversé l’Himalaya avant d’entamer ses fameux treks africains et malgaches. Pas mal pour un tétraplégique…
Le petit Poussin qui a bien grandi a fait de brillantes études et est diplômé de Sciences Po Grenoble et d’un DEA de Sciences Politiques de l’université de Nanterre. Mais il ne s’est pas obligé à vivre en fonction de ses études passées : d’autres se seraient dit qu’il fallait « être au niveau de ses études » et faire un métier en lien avec elles, lui a choisi de faire ce qu’il aimait, et de trouver un moyen d’en vivre. Il n’a pas fait d’études littéraires ou cinématographiques, mais il a écrit des livres à succès sur ses voyages, et réalisé des documentaires racontant ses aventures. Il multiplie les activités : il restaure une maison de ses propres mains, raconte lors de ses conférences, écrit des livres, anime une émission télévisée sur France 3, et parle de nombreux sujets… sans se limiter dans ses écrits par rapport à ses formations initiales. Son expérience de vie a autant de valeur à ses yeux (et manifestement aux yeux de ses éditeurs et de ses lecteurs) que ses apprentissages universitaires. Or en France il est souvent convenu que parler d’un sujet ne peut être accepté que si l’on possède en prérequis un doctorat dans ce domaine…
Ses revenus ne sont pas garantis par un CDI et une paye à chaque fin de mois, et pourtant il construit et réussit sa vie, gagne suffisamment pour voyager et faire vivre sa famille, en vivant ses rêves. Il a fait le tour du monde avec moins de mille euros : quand on a un rêve, le manque d’argent peut souvent être une excuse pour ne pas le réaliser. Dans le domaine du voyage notamment, grâce à des sites spécialisés et aux réseaux sociaux, la démocratisation d’idées alternatives comme le « couchsurfing », le covoiturage, l’échange d’appartements et le télétravail, la collaboration et l’échange permettent à de nombreux voyageurs dans l’âme de découvrir le monde même avec un tout petit budget.
Son goût du voyage ne l’a pas empêché de trouver une compagne qui adhère à son mode de vie et le suit dans ses voyages, notamment son « Africa Trek », leur voyage de noces qui durera 3 ans, du Sud au Nord de l’Afrique, et ont même conçu leur fille pendant leur voyage. Réaliser ses rêves ne demande pas forcément de renoncer à d’autres bonheurs, de devoir choisir entre fonder une famille et voyager, d’abandonner une envie ou un projet pour plaire au partenaire que l’on s’est choisi. Il faut au contraire trouver le compagnon ou la compagne qui partage les mêmes rêves et les mêmes valeurs. C’est même extrêmement séduisant que de rencontrer une personne qui sait ce qu’elle fait, où elle va et n’a besoin de personne pour être heureux… juste envie de partager son bonheur avec un partenaire de vie.
Alexandre et Sonia Poussin embarquent leurs enfants dans leurs voyages, ne craignant pas de les déraciner, de les mettre dans des situations dangereuses ou de leur faire perdre des repères ; ils les éduquent à leur façon, ne renonçant pas à une éducation classique en plus de celle (immense et inestimable) que leur donne ces voyages, ces rencontres et ces expériences de vie d’enfants. Ils ne craignent pas pour leur avenir, et ont une grande confiance en leurs enfants de réussir la leur, et de profiter de ces voyages à fond. Ils ont aussi confiance en leur capacité d’adaptation, pour faire face aux imprévus ou aux dangers : dans « Mada Trek », ils sont à plusieurs reprises confrontés à des attaques potentielles de voleurs de bétail, et leur charrette tirée par deux zébus faisait une cible idéale. Ils n’ont cependant pas renoncé à leur voyage, demandant à la police locale de les escorter le temps de traverser les territoires dangereux.
Idem avec les Cebron : un couple aussi, deux enfants, un garçon et une fille aussi, et la même vision de la vie : positive et active. Rien de plus incroyable que de lier passion du voyage, vie de famille et travail documentaire, en plus d’une action positive pour encourager le développement durable. Et les spectateurs de leurs documentaires se remettent à sourire et à retrouver espoir : deux exemples qui démontrent qu’une vie peut se construire en répondant à tous ses projets, ses rêves, des envies et ses valeurs.
Ils ont confiance en eux. En leur capacité à s’adapter à toutes les situations, à obtenir des visas, à rencontrer des gens qu’ils ne connaissent pas, à se débrouiller malgré la barrière des langues, à donner confiance aux milliers d’inconnus qu’ils rencontrent dans leurs périples. A dépasser les dangers sanitaires, financiers, physiques et mentaux.
Ce sont des exemples de choix de vie qui sembleront inconscients pour ceux qui vivent dans la peur :
- peur de ne pas avoir de travail salarié et de revenus réguliers,
- peur d’aller dans des contrées inconnues et de rencontrer des étrangers,
- peur de se confronter à d’autres usages, d’autres religions, d’autres cultures et d’autres nourritures ;
- peur de quitter le confort de leur maison, de leurs habitudes, de leur cercle familial ou social, de leur ville, de leur pays, même pour un travail plus intéressant ou mieux payé,
- peur d’être célibataire, quitte à renoncer à une passion ou un projet de vie pour ne pas être seul,
- peur de ne pas « rentrer dans le moule », de décevoir ses parents,
- peur d’être vu comme « idéaliste » ou « trop orgueilleux » parce qu’on veut une vie heureuse et qui nous correspond…
Tout le monde ne rêve pas de traverser des pays entiers, mais beaucoup renoncent à leurs passions pour un confort de vie – peut-être pas si confortable… une source d’inspiration pour réfléchir à sa propre zone de confort, ses propres choix de vie. Pour dépasser sa peur de suivre son propre chemin, sa peur de ne pas « assurer », sa peur de prendre des risques, et des croyances bien ancrées, comme celle d’un travail obligatoirement pénible et non-épanouissant, qui ne nous permet que 3 semaines de congés payés pour avoir une petite pause de liberté – en attendant le retour dans la grisaille et les bureaux climatisés. Non, travailler peut prendre de multiples formes, gagner sa vie et faire vivre sa famille aussi, sans forcément avoir des millions d’euros sur son compte en banque.
Voyage en famille autour du monde, un article signé Sophie Girardot. Le texte de cet article est la propriété de son auteur et ne peut être utilisé sans son accord et sous certaines conditions. Sources / Crédits
Crédits photos : Alexandre Poussin, Frédéric Cebron
Sources : Wikipédia / Voyage / Mr Mondialisation / France Télévision / Télérama
Les séries : Martin autour du Monde / Mada Trek
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C’est super gentil de parler de nous mais on s’appelle pas le Famille CARDON mais CEBRON 🙂
By the way, d’où je suis en Inde, l’extrait que vous proposé dans l’article ne marche pas, voici au cas où 1 autre extrait qui marche partout dans le monde :
A bientôt et merci merci…