Multipotentiels, ne choisissez pas de voie professionnelle (1)
Choisir un métier, un sujet sensible pour les multipotentiel.le.s
Le choix de sa voie professionnelle est un des problèmes les plus souvent rencontrés par les multipotentiel.le.s.
Pas étonnant donc que cette thématique soit une des plus recherchées sur le web par les personnes “comme nous”. Car oui, si vous lisez cet article, c’est que vous faites certainement partie de ces personnes qui “n’ont pas de passion”… ou de très nombreuses !
C’est un sujet qui me tient à coeur, parce qu’il m’a personnellement touché pendant des années.
Et qui continue à exercer une pression impitoyable sur les multipotentiel.le.s.
C’est notamment pour cela que j’ai créé un groupe Facebook destiné à discuter de ce sujet… entre autres !
Je parle bien sûr de cette pression sociale qui vous demande de choisir votre voie professionnelle, souvent très (bien trop) tôt d’ailleurs.
Qu’elle vienne de vos parents, qui veulent vous voir décrocher un “bon” job.
Ou du lycée, qui veut pouvoir vous mettre dans une classe, dans une filière, dans un chemin défini dont vous ne devrez plus jamais sortir.
Et je ne parle pas de celle exercée par les recruteurs. Ni des robots d’indexation qui gèrent les banques de CV…
Je vais essayer de vous expliquer pourquoi les personnes multipotentielles subissent tant cette pression, et encore plus dans les pays occidentaux, et dans le monde d’aujourd’hui. Comme c’est un long sujet, j’ai décidé de le faire en deux parties, lire la suite ici.
Mon but, c’est surtout de vous faire prendre conscience de l’origine de cette pression, des différents facteurs qui en sont à l’origine.
Et donc de pouvoir prendre du recul, trouver des alternatives, vous permettre de déjouer les pièges.
Et donc de pouvoir mener votre vie comme vous devez la mener, si vous voulez être heureux.se.
Et quelque chose me dit que derrière cette recherche de voie professionnelle, c’est bien là votre but ultime…
Accrochez-vous, car je vais parler des valeurs sociales dominantes, du monde de demain, des réalités de la vie, et de ce qu’est véritablement le bonheur…
Commentçons par le commencement, comme disait ma mère.
Pourquoi nous presse-t-on tellement à choisir notre voie professionnelle ?
Pour le comprendre, il faut d’abord prendre conscience de certaines réalités du monde dans lequel nous vivons.
Certains aspects d’ordre psychologiques, pratiques, matériels et politiques.
Car cette pression à choisir un métier, et s’y tenir toute sa vie, s’explique par de nombreux aspects :
- la psychologie de nos parents
- le système scolaire et universitaire
- la spécialisation des métiers
- une société dominée par l’informatique
- la peur du lendemain, d’un monde qui change
- Le maintien de l’ordre social
- les fausses croyances
- le manque de confiance…
La psychologie de nos parents
Nos parents, notre famille, ces chères personnes qui veulent notre bien… et se plantent bien souvent. Tout simplement parce qu’ils sont menés par leur propres croyances, peurs et insatisfactions…
Plus tard, vous verrez, vous ne leur en voudrez pas (même si pour l’instant, c’est parfois chaud).
Ce sont des êtres humains après tout… avec leur poids de traumas, de croyances… et (j’espère pour vous) l’envie de bien faire.
La survie des générations suivantes
S’ils nous pressent tant à choisir notre voie professionnelle, c’est souvent pour une chose fondamentale : être rassurés.
Nos parents, surtout ceux nés dans les générations d’après-guerre, ont souvent une réelle obsession (si ce sont de bons parents !) : que vous puissiez survivre à leur mort.
Et pour cela, leur priorité est de vous pousser à avoir un travail stable et bien rémunéré. Afin que vous ayez de l’argent, pour pouvoir vous nourrir, vous soigner, vous abriter et vous vêtir. Pour pouvoir répondre à vos besoins primaires, tout simplement. Et un peu plus que ça, si possible – les vacances
Leur pression à choisir votre voie professionnelle masque donc en réalité leur désir de vous voir décrocher un travail qui vous mettra à l’abri du besoin.
C’est ce même désir, motivé en réalité par la peur, qui les pousse aussi à vouloir vous voir en couple, si possible marié, et installé dans une maison dont vous êtes propriétaire.
C’est ce fameux désir de vous voir “casé.e”, “installé.e” dans la vie, avec de l’argent et quelqu’un.e pour s’occuper de vous.
Or un désir motivé par la peur, ce n’est jamais très bon…
Le bonheur, pas une priorité
Pendant très longtemps, le bonheur n’était pas la priorité dans la vie. Pour les générations antérieures, réussir sa vie signifiait réussir dans la vie. Accumuler des richesses monétaires et matérielles, pour subvenir à nos besoins et à ceux de nos enfants – l’autre “voie” logique de notre vie étant pour nos parents celle de continuer la lignée.
Le développement personnel date du XXe siècle, et surtout des années soixante, à l’époque où toute une génération a commencé à vouloir s’affranchir de ces fameuses pressions sociales, dominées par le matérialisme et l’accumulation de richesses.
Cette envie de gagner plus, et d’acquérir un certain confort matériel s’expliquait facilement, et avait de multiples causes : la sortie de la deuxième guerre mondiale, et la pauvreté qu’elle a fait subir à des générations.
Mais aussi la possibilité d’accéder aux études pour une plus grande partie de la population, la gigantesque transformation de la société et la création de nouveaux besoins, de nouveaux métiers…
A l’époque déjà, certains ont voulu affirmer la possibilité d’un autre style de vie : nos chers “boomers”, les “soixante-huitards”, les altermondialistes écologistes commençaient à devenir visibles dans la société.
Pour eux, le bonheur personnel, l’expression de son vrai soi, le plaisir et le “moment présent” étaient au coeur de leur philosophie de vie.
Mais la majorité des habitants des pays occidentalisés, suivis par ceux des pays émergents (qui commençaient eux aussi à avoir la radio et la télévision et à voir comment les “plus riches” vivaient), aspiraient et aspirent encore plus aujourd’hui à la richesse, le confort, et donc à un “bon job”.
Celui qui rapporte.
L’épanouissement personnel, on le trouvait dans le confort matériel. Ce qui se comprend, après la guerre… et la pauvreté qui l’a suivie.
un monde qui change, un avenir incertain
Nos parents voient aujourd’hui un monde incertain, qui change vite et de manière erratique, et qui est de plus en plus exigeant avec les individus. Il faut dire qu’avec le changement climatique et la montée en flèche droite de l’intelligence artificielle, ça se comprend un peu.
De plus, certains parents sont eux-mêmes perdus dans leur propre vie professionnelle, voyant leur métier, leur secteur d’activité dévalorisé ou péricliter.
On demande plus de diplômes pour un même poste, et la compétition pour le décrocher est de plus en plus rude.
Eux qui connaissent ou ont connu le chômage, peuvent se sentirdépassés par les changements de la société, la mondialisation, la disparition de l’intérêt pour certaines compétences.
Tout cela explique leur stress, qu’ils transmettent souvent à leurs enfants.
Certains vont alors pousser vers des choix de métiers uniquement parce qu’ils semblent (je dis bien, ils semblent) devoir durer dans l’avenir.
Et pour certains métiers, ce n’est pas faux
On se dit par exemple qu’on devrait avoir besoin de coiffeurs et de médecins pendant pas mal de milliers d’années.
Oui, à part si des robots viennent nous remplacer. Comme les médecins… car certaines intelligences artificielles sont capables de meilleurs diagnostics que les praticiens humains !
Et qui dit qu’on n’aura pas une autre pandémie et une autre confinement… des cheveux, on en aura, mais pas la liberté de se les faire couper. Ou plus de job, et donc pas d’argent.
Et on ne parle même pas des tendances. Si ça tombe, les mecs voudront tous porter des nattes en 2030.
Cela génère des hordes de parents qui cherchent à trouver pour leur enfant un parcours sans heurts et plein de débouchés pour un métier “garanti à vie”. Quand on a connu les Trente Glorieuses et les jobs dans l’administration, sécurisés et payés jusqu’à la retraite, on ne peut rêver que de cela pour son enfant.
Surtout quand le monde semble rempli de violence
Et c’est ce que nous présente souvent les médias. Quand le danger – en fait, la sensation de danger – domine nos choix, on essaye d’abord de garantir la satisfaction de nos besoins primaires.
Et surtout quand on ne sait pas trop ce qui se passe dans le monde d’aujourd’hui : on a tendance à conseiller à ses enfants des métiers “connus”, et donc sécurisants. Devenir écrivain ou Youtubeur peut avoir pour certains plus d’avenir, en réalité, que des métiers dans l’aéronautique par exemple, quand la fin du pétrole (et du kérosène) guette… Mais ces métiers sont parfois difficiles à comprendre, et on y voit surtout de l’insécurité.
On est plus vieux, donc on sait mieux?
Certains parents ont également des difficultés à faire confiance à leurs enfants.
D’abord parce qu’ils ont plus âgés, et donc à leurs propres yeux, plus sages !
Certains parents pensent, à raison ou à tort, qu’ils savent mieux que leur enfant ce qu’est la vie, et ses priorités. Et ce qu’est la réalité du monde.
Sans compter ceux et celles qui ont du mal à nous voir grandir… et avoir nos propres connaissances, et nos propres envies.
Nous sommes leurs enfants, donc quelque part, des enfants. Donc pas armés pour bien choisir, pensent souvent les parents d’adolescents, au moment du choix d’orientation à l’entrée au lycée.
C’est vrai que ce n’est pas toujours facile. Mais c’est aussi notre vie, nos choix, nos désirs, nos projets, pas les leurs.
Tu as envie de devenir soigneur.se animalier? Mais pourquoi pas vétérinaire? En admettant qu’ils respectent notre attirance première pour les soins aux animaux… Ils cherchent souvent aussi à mettre le diplôme avant l’envie.
Les traditions familiales
Nombreux sont ceux et celles qui sont devenu.e.s médecins ou notaires, ont fait L’ENA ou les Compagnons du Devoir. Par respect d’une tradition familiale.
Et pour certains, cela les a rendus totalement malheureux. Faire de longues études de finance alors qu’on rêvait d’être couturière ou cinéaste. Les exemples de vies non choisies mais subies, de rêves inachevés, de destins manqués sont tellement courants.
Il est fort à parier que sur leur lit de mort, ces personnes vous auraient conseillé de suivre votre voie, plutôt que de choisir celle dictée par les autres…
La compensation de leurs propres rêves… et échecs
Beaucoup de parents rêvent notre vie à notre place, et ce, dès notre conception. “Il sera pompier, elle sera médecin”… De manière inconsciente ou très affirmée, nos parents tracent pour nous, avant nous et sans nous, des chemins de vie qui leur plaisent.
Et pour certains, c’est aussi une envie cachée de nous voir réussir à leur place une carrière qu’ils n’ont pas plus accomplir. Beaucoup de parents voient en nous leur “prolongement”, et si nous réussissons, ce sera quelque part une preuve de leur propre réussite, en tant que parents, mais aussi en tant que famille.
Notre ”brillante carrière” les fera également briller, en quelque sorte. On réalise alors le rêve de ses parents, au lieu du sien. On ne vit donc pas notre propre vie…
Bon, vous l’aurez compris, je résume, je synthétise, je rassemble.
Mais c’était pour vous faire prendre conscience d’une chose : vos parents veulent en réalité votre bonheur, mais ils se trompent très souvent sur le “comment”.
Parce qu’ils ne sont pas VOUS.
Parce que leur motivation cache souvent de la peur, ou de besoin de reconnaissance personnelle, ou des déceptions inavouées, ou de l’orgueil…
Cette pression familiale est une première piste à explorer, un premier aspect dont il vous faut prendre conscience.
Le guide de survie à la pression familiale
La première chose à faire, c’est donc de prendre conscience de l’influence de vos parents sur vos propres choix. De l’influence de leurs propres vies sur leur vision du monde, de la réussite, du bonheur, entre autres choses.
Et donc de prendre du recul.
A la fois pour analyser ce qui les fait vous pousser à choisir une voie professionnelle, et parfois à choisir telle ou telle filière, tel ou tel métier, ou telle entreprise.
Vos parents seront peut-être les premiers à vous soutenir malgré vos questionnements et vos choix de voie professionnelle. A vous encourager à chercher ce qui vous convient, en terme de métier, d’activité, de source de revenus, de choix de vie.
Mais si vous faites partie de ceux et celles qui passent leur temps à subir la pression de choisir, des remarques sur votre “instabilité” ou des lamentations sur vos “échecs”, voici quelques pistes à explorer pour vous permettre de vous affranchir de cette mauvaise posture et de redessiner certains mauvais schémas.
Prenez le temps de leur demander ce qui les pousse à ce que vous choisissiez votre futur métier, et pourquoi. Cela peut permettre de les pousser à se remettre en question sur leur propre vision du monde et du futur. Mais cela peut aussi permettre d’entrer dans des discussions sur la réalité de la réussite personnelle, et de l’avenir de certains métiers, par exemple.
Dans le cas des multipotentiel.le.s et de leurs choix de vie, vous pouvez par exemple leur parler des métiers de demain. De la nécessité à acquérir des compétences diverses et variées, à développer surtout sa capacité à apprendre et à s’adapter. Vous pouvez leur parler des cours en ligne, de la possibilité grâce à Internet de faire des formations et d’acquérir de solides diplômes durant toute votre vie adulte. De leur expliquer que cela vous permettra de vous adapter facilement aux changements à venir.
La deuxième piste, c’est de travailler à gagner leur confiance en vous. De leur expliquer que vous avez envie d’être heureux.se et de réussir votre vie, comme eux en ont envie pour vous. Que vous avez des compétences et des appétences, et que vous voulez les exploiter, car c’est ce qui vous rendra heureux.se. Que c’est en choisissant d’exercer plusieurs métiers, d’acquérir plusieurs compétences que vous pensez être mieux armé.e pour réussir dans la vie. Que vous ne voulez surtout pas vous limiter à une seule formation, à un seul métier, car cela vous semble dangereux. Que c’est pour vous comme placer tout votre argent sur un seul placement financier. Il se trouve qu’en plus, c’est la réalité….
La troisième piste, c’est de commencer à créer votre indépendance financière. Réfléchissez dès maintenant, même si vous êtes à l’adolescence, à des moyens de gagner de l’argent. Que ce soit en lavant des voitures, en gardant des enfants ou des animaux, en donnant des cours particuliers, en vendant des jeux vidéos ou des livres que vous n’utilisez plus. Cela va leur permettre de constater que vous êtes capables de vous débrouiller dans la vie, de créer votre propre chemin. Si vous êtes adulte, mettez de l’argent de côté, ou achetez un logement. Si vous choisissez de quitter votre job, de refaire des études ou de vous lancer dans la création d’une entreprise, vos parents seront plus rassurés (et vous aussi) de voir que vous avez une certaine sécurité financière ou matérielle.
N’hésitez pas à dire à vos parents que leur pression (à rester dans le même job, à choisir une filière au lycée, à rester dans le même cursus universitaire) vous rend malheureux.se. Exprimez le fait que vous êtes déçu.e qu’ils n’aient pas confiance en vous, et en la vie – car c’est ce qu’ils vous font ressentir. Dites que vous aimeriez avoir leur soutien dans votre recherche. Car cette recherche est motivée par votre quête du bonheur, et par la satisfaction de vos propres besoins d’épanouissement personnel. Et que vous cherchez, comme eux, à trouver votre propre chemin. Et qu’il sera celui que vous tracez.
Quatrième piste : Créez votre propre famille ! Quand on grandit, on a le droit de prendre son envol et de s’entourer de sa propre famille. Que ce soit dans le choix de vos ami.e.s et de vos compagne.gnons de vie, choisissez des personnes qui vous comprennent et vous soutiennent. Prenez de la distance avec vos parents si malgré vos discussions, vos échanges sur le sujet, ils persistent à vous critiquer. Ou à vous pousser à choisir une voie – encore plus si elle ne vous correspond pas.
Quelques conseils en bonus
Travaillez votre confiance en vous, et votre capacité personnelle de résistance à la pression familiale et sociale. Elle sera toujours là, que ce soit à propos de votre travail. Mais aussi de vos relations, de votre physique, de vos choix personnels…
N’écoutez que votre instinct, et travaillez à construire votre propre carrière professionnelle. Qui sera riche et variée, et surtout pas monotone, car c’est ce qui vous caractérise : la curiosité, l’envie d’apprendre et de découvrir des choses nouvelles, tout le temps. En vous astreignant à devoir faire un choix pour plaire à vos parents, vous ne trouverez jamais votre voie. Ce serait cher payé pour atteindre le bonheur. Vous êtes fait.e pour multiplier les formations, et les expériences.
Prenez exemple sur des personnes qui ont réussi à concilier différents parcours de vie, différentes passions – oui, elles existent ! N’hésitez pas à les contacter et à leur demander comment ils ont mené leur propre barque… et ont résisté à la pression familiale !
Vous ne serez jamais heureux.se si vous ne faites pas vos propres choix. Si vous réalisez le rêve d’autres personnes que vous. Même si cette pression est motivée par leur amour et leur envie de vous voir à l’abri, dites-vous et répétez-leur que vous savez mieux que personne ce qui est bon pour vous, et que vous seul.e décidez de votre vie. Elle vous appartient, à vous et à personne d’autre.
Si vos parents vous aiment, ils seront heureux de vous voir heureux.se… quel que soit votre parcours professionnel !
Allez vite lire la suite!
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