Le kit de survie à une rupture amoureuse (ou comment éviter de commettre de grosses erreurs)
Cela peut paraître étrange d’inaugurer la rubrique Amour de ce blog en parlant des affres de la rupture amoureuse. C’est même carrément commencer par la fin!
Mais je me suis rendue compte que quand ça va bien, on ne cherche pas d’informations. On plane tellement dans les nuages, faut dire.
Que ce moment-là (que tout le monde a un jour connu dans sa vie) est un tel choc émotionnel qu’il est difficile de réfléchir par soi-même.
Et que c’est un moment où on a vraiment besoin d’aide, de soutien, et de prise de recul.
Pour essayer de limiter les dégâts du traumatisme.
Et pour éviter de faire des choses que l’on va regretter.
J’ai pas tout à fait assuré
J’ambitionne ici de vous donner quelques trucs et éléments de réflexion pour affronter le tout début, les premières heures, les premiers jours, les premières semaines de ce deuil.
Car c’est un vrai deuil, que de perdre l’être aimé – enfin, si vous l’aimez encore.
Mais cela peut aussi être l’opportunité soit de repartir sur de nouvelles – et meilleures – bases avec l’autre.
Ou de se rendre compte que l’autre, ben… il y a mieux.
Même si au début… on ne pense qu’à lui (ou elle, ou iels). Un seul être vous manque et…
Voici donc une petite liste des actions à mettre en place, des attitudes et comportements à adopter, que j’ai appris après avoir vécu, moi-même, une rupture bien plus douloureuse que les autres.
Et si j’ai assuré sur certains points, j’ai vraiment je l’avoue, carrément merdé sur d’autres!
Et j’aimerais vous aider à ne pas faire les mêmes erreurs…
1. Rupture amoureuse : le choc
Vous vous le prenez en pleine figure, le boulet – même si (c’est certain, vous vous en rendrez compte peut-être plus tard), vous l’avez sans doute vu venir.
Un matin, un soir, d’été ou d’hiver, par texto, par lettre ou en direct live, votre copine, copain, mari ou épouse, boyfriend, girlfriend ou sexfriend, vous balance tout de go que « C’est fini ».
C’est fini « parce que tu vaux mieux que moi », dans la version soft et douce (et super hypocrite).
C’est fini « parce que j’ai d’autres projets de vie », aussi.
Mais c’est bien souvent en version « napalm de glace » que vous recevez la claque dans la figure.
Des mots qui font mal. Toujours.
« Napalm », ce sont toutes les horreurs que l’autre vous balance à la figure, du style « Je ne t’ai jamais aimé(e) », « Je te hais/méprise/rejette », et le délicieux « J’ai rencontré quelqu’un d’autre ».
« Napalm » parce que l’autre, à ce moment-là, ne vous supporte plus. C’est donc l’agressivité voire la haine qui le ou la domine. Mais surtout, derrière… une immense culpabilité. Et une grande souffrance. Parce que pour l’autre aussi, celui ou celle qui s’en va, la rupture amoureuse c’est un échec, et une perte.
« Napalm » parce que l’autre est, à ce moment-là, dans le rejet absolu de la relation.
Donc on efface tout, à coups de lance-flammes.
Mais aussi parce que dans sa tête, il.elle.iel s’est engagé.e dans une sorte de « pacte », de décision forte de rupture. Et qu’à ce moment-là, il.elle.iel a envie de forcer le trait à fond pour se convaincre de la justesse de sa décision, convaincre les autres, et vous convaincre vous, que c’est FINI. ET A PLUS QUE JAMAIS.
Une vidéo de Jean-Baptiste Marsille, dont je vous conseille le visionnage pour mieux comprendre :
Quoi faire?
Je sais que c’est dur. Mais essayez, le plus possible, de garder votre calme.
Et d’écouter l’autre, ce qu’il vous dit.
Vous allez soit avoir droit à du chagrin, soit une sorte de haine. Les deux cachent de la tristesse, en fait.
Si l’autre s’étonne de votre silence, dites-lui ce que vous êtes exactement en train de faire : « Je t’écoute ». Vous allez immédiatement marquer des points, car quand on quitte, c’est qu’on est malheureux.se dans la relation, et qu’on n’a sans doute pas été écouté.e quand on l’a dit/montré/essayé de faire comprendre.
Si l’autre est insultant.e, injurieux.se, voire violent.e, partez. Tout de suite. Même si vous habitez ensemble et que vous n’avez nulle part d’autre où aller, prenez votre sac, votre manteau, votre vélo ou votre voiture, et partez. Soit dans un endroit calme, de préférence isolé – dans le sens où il n’y a personne, pas un endroit dangereux, évidemment. Soit chez votre mère, votre père, votre cousin, des potes. Mais uniquement si vous sentez qu’ils.elles peuvent vous faire du bien.
Et dites à l’autre (de loin) que vous n’acceptez pas les insultes.
Partez, et allez encaisser le choc de votre côté.
Même si vous ne pouvez partir qu’une heure, cela va déjà poser un message clair et une limite au « monstre de glace » qui a pris le contrôle du corps et de l’esprit de votre conjoint.e. Cela va permettre à chacun.e de retrouver son calme, de réfléchir aux mots prononcés.
Et vous allez marquer des points et gagner un peu de respect pour la suite. Même si pour l’instant le respect, vous vous en fichez totalement, vous verrez qu’après, cela aura une grande importance. POur l’autre, et pour vous.
Si vous avez des enfants, et que vous pensez que les prochaines heures vont être tendues, emmenez-les si possible tout de suite dans votre famille, ou chez un(e) amie, même pour une heure ou deux. Le temps que la tempête initiale se calme.
2. Rupture amoureuse : les premières heures
C’est un choc, un bouleversement. Il se peut que par la suite, si vous vivez ensemble, vous passiez les heures qui suivent ensemble. Parfois, par contre, l’autre s’en va subitement, et vous vous retrouvez seul.e en une fraction de seconde.
Coupez immédiatement le contact. Même si tout se fait en douceur, que l’autre essaye d’être le plus poli, correct et respectueux possible, essayez au maximum de vous mettre à l’écart. Je sais, c’est dur, quand on aime l’autre, on se dit que l’autre ne peut pas nous faire ça, que c’est une blague, que cela n’est pas possible.
Phase un du deuil : le déni.
Vous l’aimez, vous êtes proches (enfin, vous le croyez encore), donc vous pensez qu’en parlant, tout s’arrangera. NON. A ce moment-là, il vaut mieux laisser passer l’orage et encaisser le choc et les émotions. Le dialogue viendra, ne vous inquiétez pas. Mais il va falloir, à partir de ce moment, être patient.e.
Se mettre à l’écart, au moment de la rupture, est la meilleure chose à faire. Pour vous permettre de reprendre vos esprits, de pleurer, de crier, d’aller courir, de frapper vos oreillers, ou de rejoindre une personne de confiance et pleine d’amour inconditionnel, qui saura vous accueillir et vous écouter sans jugement et sans donner son avis ou vous abreuver de conseils.
Quelle que soit votre option, faites immédiatement chambre à part, dormez sur le canapé, chez une amie, à l’hôtel, peu importe. Il faut absolument, comme tout animal blessé, vous mettre à l’abri d’autres paroles ou actes blessants. Cela va vous permettre de vous lâcher. Mais aussi de ne pas montrer à l’autre un tableau trop triste, trop pathétique, de celui ou celle qui va supplier, pleurer, hurler, et/ou tout casser. Là aussi, vous allez marquer des points par la suite, y compris dans votre propre estime. Dites simplement que vous avez besoin de prendre l’air, de vous isoler.
3. Rupture amoureuse : les trois premiers jours
Là, on rentre dans le dur. Dans ces moments où le cyanure et la pendaison vous semblent des options de médecine douce. Où vous cessez de manger, boire, et vous laver, ou au contraire vous buvez non stop (tout sauf de l’eau) et avalez toutes les cochonneries imaginées par l’industrie agro-alimentaire depuis les cinquante dernières années.
Quoi faire?
Allez immédiatement vous constituer un stock de produits de médecines douces dans la pharmacie la plus proche, tout ce qui apporte sérénité, détente, relaxation, et sommeil. Vous allez en avoir besoin. Essayez plusieurs formules, plusieurs marques.
Si comme moi à l’époque vous sentez que vous êtes en état de choc, direction le médecin, et l’artillerie lourde – ne serait-ce que pour quelques jours. Acceptez un arrêt maladie si cela semble nécessaire. Oui, une rupture amoureuse difficile, c’est une cause d’arrêt maladie, quand votre organisme et votre psychisme sont atteints.
Il faut absolument que vous réussissiez à dormir un peu, à arrêter un peu de pleurer, à réussir à créer pendant deux ou trois heures un état de relative détente et de calme. Tout pour éviter le traumatisme, le choc trop fort, la descente psychologique et la dégradation de la santé physique – ça peut aller vite.
Selon ce qui vous convient, armez-vous de films ou de séries drôles, ou des histoires du type « I will survive » : des gens qui ont surmonté une rupture, un deuil, un échec, bref des histoires qui vont vous permettre de vous rendre compte que tout le monde se prend, un jour ou l’autre, la même bonne grosse gifle dans la figure.
Mangez des pots de glace, fumez des cigarettes à la chaîne, buvez des bières ou des Mojitos avec un pote ou une copine – le.la meilleur.e, le.la plus mature, solide, apte à vous gérer dans un état proche de l’Ohio.
A part s’ils sont eux-mêmes psys, n’allez pas chez vos parents : ils vont vous dire de toute faire pour récupérer l’autre, quitte à le.la menacer de suicide. Ne les écoutez pas, tout ce à quoi ils pensent maintenant c’est que vous allez être seul.e quand ils mourront, c’est un réflexe de survie.
Une seule règle : le n’importe quoi, cela ne doit pas dépasser 3 jours. Après, on se relève et on se mobilise.
Ecoutez de la musique, qui vous détend ou qui vous énergise, mais rien de pleurnichard – pas de Jacques Brel ou de Barbara… ça suffit déjà bien de se faire larguer. Chantez « I will survive » de Gloria Gaynor. Ou gueulez sur « Hysteria » par Muse. Choisissez votre came musicale.
Un bon plan aussi : l’écriture. Prenez un cahier, et écrivez tout ce qui vous passe par la tête. Dessinez aussi, si c’est votre outil préféré pour soulager votre âme.
Cela va vous éviter de raconter n’importe quoi sur votre ex à vos collègues, vos amis, votre famille, le facteur qui vous amène votre colis. C’est votre vécu, vous pouvez y aller à fond, y compris dans les pires grossièretés, et les envies de meurtres. On s’en fiche, c’est un défouloir. Alors défoulez-vous. Vous le verrez, cela permet de mettre des mots sur ce qui vient de se passer. Et votre vécu – et pas seulement le plus récent.
Faites du sport, même une simple marche – mais courir à vous faire exploser les poumons, c’est mieux. Prenez la lumière – ne restez surtout enfermé.e pas avec les rideaux fermés. Dormez autant que vous le pouvez. Tout cela aide à combattre la dépression de manière automatique, physiologique.
Vous aurez dans doute envie d’être seul.e, pour pouvoir pleurer autant que vous le voulez. Retirez-vous dans votre grotte. Mais alternez avec des moments au téléphone ou en face à face avec d’autres. Sans vous forcer…
4. Rupture amoureuse : la semaine suivante
Pour certains, qui ne vivaient pas en couple, la rupture amoureuse signifie la fin plus ou moins soudaine d’une relation avec une personne proche, qui avait très souvent une place essentielle dans notre vie.
Pour les autres, cela signifie en plus une série de réactions en chaîne qui vont toucher tous les domaines de votre vie. Divorce, déménagement, séparation des biens… Vous allez avoir besoin de l’aide de vos proches, donc n’hésitez pas à commencer à leur en parler.
Si vous vivez avec votre conjoint, il y a une sorte de règle non-dite mais souvent suivie : celui qui part est celui qui part, c’est-à-dire qui déménage assez vite dans un autre logement. Ou dans la famille, ou chez… son nouveau partenaire de vie. Ouille. C’est un moment terrible, donc si vous le pouvez, absentez-vous quand l’autre emmène ses affaires. Juste pour éviter de vous vider de larmes, de supplier à genoux (hein, vous valez mieux que ça), de menacer, de tout casser.
Changez tout ce qui est possible
Quand cela m’est arrivé, je me suis mise à tout changer (le soir même) et même repeindre une pièce, pour avoir la sensation de « tourner la page ».
Ne restez dans la décoration « du couple », mais créez la vôtre. On jette un plaid neuf sur le canapé, on vire les bibelots de vacances et les photos liées au « nous » sur les murs. On pose le fameux poster dont l’autre ne voulait pas entendre parler (tiens, dans ta face). On change les draps… pour ne plus avoir l’odeur de l’autre sur son oreiller… et on change le lit de place. Tout ça le plus vite possible. Parce que bouger ça aide.
Si vous vivez ensemble, essayez de créer des espaces séparés. Et s’il y trop de tension, déjeunez et dîner à l’extérieur de manière alternative. Il est tout à fait possible de s’organiser pour ne pas se croiser. Et de se créer un petit cocon dans une chambre.
Etudiez ce que disent les experts
Surfez un maximum sur les sites dédiés à la rupture – mais prenez quand même du recul sur tout ce qui est dit. Cela aide à se rendre compte que c’est une expérience terriblement banale. Et à passer de l’émotion à l’intellect.
Surtout, je vous le conseille, prenez rendez-vous avec un(e) psychologue. Même si vous sentez que la douleur n’est pas trop forte, que vous aussi quelque part vous souhaitiez rompre… Parler à une personne neutre et formée à écouter la souffrance permettra d’alléger (comme le cahier) le trop-plein de paroles que vous allez forcément déverser sur votre entourage. Mieux vaut éviter de les étouffer, vous allez avoir besoin d’eux après aussi.
Commencez à réfléchir à des choses que vous pourriez faire pour rendre le moment moins douloureux. Ppour vous changer les idées. Et pour passer le temps, surtout si vous êtes tenté(e) d’envoyer mille textos d’insultes / de questions / de déclarations d’amour à votre ex. Cela sera totalement inutile à ce moment-là, et vraiment contre-productif.
Un seul maître mot : PATIENCE…
Laissez les choses se calmer, laissez la communication redevenir possible – même si pour l’instant votre ex ne vous parle plus). Pensez d’abord à vous, à ce choc émotionnel, à VOTRE douleur, à VOTRE chagrin.
Voilà donc mes premiers conseils pour ce « kit d’urgence ».
Bon courage à vous. Et ne laissez personne minimiser votre chagrin. Une rupture est un deuil, un vrai, et ça fait mal.
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