Le « zèbre », adulte surdoué, mais pas que…
Un grand potentiel et une grande souffrance
Cette rubrique est spécialement dédiée au développement personnel et au bonheur des personnes dites « surdouées ». C’est un domaine qui n’a été que récemment exploré par les psychologues, psychiatres et neurobiologistes, et qui est peu connu.
La « douance » concerne pourtant environ 2% de la population mondiale.
La mise en avant des spécificités de la « douance » a déjà permis à de nombreux enfants précoces d’être détectés tôt et de pouvoir bénéficier d’un suivi spécial pour leur scolarité et pour leur développement. Mais les adultes HP/surdoués sont très nombreux dans l’ignorance de leur douance et des spécificités de fonctionnement cérébral et de personnalité que cela implique.
Et rencontrent souvent, malgré un quotient intellectuel élevé de naissance, des difficultés parfois très importantes dans de nombreux domaines de leur vie.
Je suis moi-même une « zèbre ».
J’avais été clairement identifié comme « enfant précoce », dès mon très jeune âge, et j’avais seulement été classée comme « douée à l’école », avec donc une intelligence logique supérieure, sans plus. Je n’avais aucune idée de mes autres spécicités, que je ressentais sans pouvoir mettre des mots dessus. Je ne comprenais pas pourquoi je me sentais différente… et ensuite… J’ai oublié cette étiquette.
Le diagnostic de « douance » a mis trois ans à être posé par une psychologue, qui un jour m’a regardée en me disant « Je viens de comprendre ! ». J’avais appris à dissimuler certaines de mes caractéristiques, et peu de professionnels avaient les outils pour détecter les personnes HP/surdouées.
Et j’avais déjà plus de quarante ans…
Cette découverte a été un choc (tous les « zèbres » traversent différentes étapes lors de la découverte de leur « différence », et pas que des agréables), mais aussi – comme je le fais toujours – une occasion de mieux me connaître, de voir les autres sous un nouveau jour, et de comprendre différemment de nombreux événements de ma vie.
J’écrirai beaucoup sur ce sujet, que lequel je continue à faire des recherches pour mon propre bien-être – et celui de mes clients. C’est un domaine surprenant, et c’est passionnant pour tous ceux qui s’intéressent au fonctionnement du cerveau et aux neurosciences. Je m’intéresse surtout aux adultes, mais c’est un troc commun qui s’applique également aux enfants, bien sûr.
Comme vous le voyez, j’utilise des guillemets autour de tous les termes utilisés pour désigner cette caractéristique. Aucune dénomination n’a jamais fait consensus pour exprimer cette particularité intrinsèque de la personnalité, car elles sont assez connotées, et on cherche toujours un terme plus neutre qui permettrait de parler des adultes surdoués.
On parle de « douance », pour désigner la particularité, de personnes « intellectuellement précoce », qui évoque une avance de développement dans l’enfance, ce qui n’est pas toujours vrai dans les faits. D,e « surdoué », dans le sens « plus doué que les autres ».
Sont arrivés plus récemment les termes de « HP » (« haut potentiel »), HPI (« haut potentiel intellectuel ») et « HQI » (« haut quotient intellectuel »), qui me dérangent sur deux aspects : le fait d’utiliser un sigle, comme si on devait cacher une honte, un défaut, quelque chose qui dérange. Et le fait de limiter la « zébritude » au seul niveau de quotient intellectuel, d’être réduit(e) à un chiffre(1). Qui dérange tout autant.
Les termes « virtuose », « génie » et « prodige » s’applique à d’autres définitions, même s’ils peuvent également être des surdoués.
Pourquoi parle-t’on de « zèbres » ?
C’est justement pour trouver un mot plus sympathique et plus neutre que la psychologue clinicienne Jeanne Siaud-Facchin a introduit cette dénomination dans son livre Trop intelligent pour être heureux ?, publié en 2008.
Spécialiste reconnue des surdoués, son ouvrage est un best-seller d’Amazon dans la collection Psychanalyse, ce qui a permis de faire connaître le concept de douance auprès d’un plus large public. Même si, je m’en rends compte dans mon quotidien et dans toutes mes rencontres, la douance est encore très mal connue… Le fait de se définir comme « zèbre » m’a plu, pour me détacher et détacher cette caractéristique d’une connotation et d’une représentation qui pèse beaucoup sur les épaules et sur celle des autres « surdoués ».
Sur le site de COGITO’Z, premier centre français de diagnostic et de prise en charge des troubles des apprentissages scolaires, créé par Jeanne Siaud-Facchin, on retrouve sa définition du zèbre :
Le zèbre, cet animal différent, cet équidé qui est le seul que l’homme ne peut pas apprivoiser, qui se distingue nettement des autres dans la savane tout en utilisant ses rayures pour se dissimuler, qui a un besoin des autres pour vivre et prend un soin très important de ses petits, qui est tellement différent tout en étant pareil. Et puis, comme nos empreintes digitales, les rayures des zèbres sont uniques et leur permettent de se reconnaître entre eux. Chaque zèbre est différent. Je continuerai alors à dire et répéter que ces « drôles de zèbres » ont besoin de toute notre attention pour vivre en harmonie dans ce monde exigeant. Je continuerai à défendre tous ces gens « rayés » comme si ces zébrures évoquaient aussi les coups de griffe que la vie peut leur donner. Je continuerai à leur expliquer que leurs rayures sont aussi de formidables particularités qui peuvent les sauver d’un grand nombre de pièges et de dangers. Qu’elles sont magnifiques et qu’ils peuvent en être fiers. Sereinement.
L’adulte surdoué a en effet plusieurs de ces caractéristiques : il se distingue des autres, mais cherche à se dissimuler, à rentrer dans le moule, à ne pas se faire remarquer, car la vie leur donne bien plus de coups de griffes qu’elle ne le fait pour la majorité des gens.
Mais le fait de se connaître et de maîtriser certains aspects de leurs particularités peut au contraire changer les choses, bouleverser leur vie, et devenir source de fierté et non plus de souffrance.
Les caractéristiques de l’adulte surdoué
Le terme « surdoué » est un néologisme employé pour la première fois en 1946 à Genève par le docteur Julian de Ajuriaguerra pour désigner un enfant « qui possède des aptitudes supérieures qui dépassent nettement la moyenne des capacités des enfants de son âge. ».
Si cette définition s’appliquait aux enfants au départ, on parle aussi d’adultes surdoués. Le terme choisi par l’Éducation nationale en France est « Enfant intellectuellement précoce », mais il n’a y a pas de terme officiel qui se rapporte aux adultes.
La « douance » est « diagnostiquée » grâce à test de QI fait par avec un psychologue spécialiste de ces tests. Si ce bilan aboutit à un score de QI total égal ou supérieur à 130 sur l’échelle standard de Wechsler, c’est à dire « des capacités intellectuelles plus élevées que la norme établie », on peut parler d’individu surdoué.
Mais on va le voir, en tant qu’être humain complexe et doué d’émotions et de sensibilité, le zèbre est bien plus qu’un chiffre sur une échelle.
En neurobiologie, on observe chez les zèbres :
- une capacité de traitement de l’information plus rapide et d’une « mémoire de travail » (mémoire immédiate à court terme qu’on utilise pour mobiliser des connaissances dans la résolution de problèmes immédiats) plus efficace
- Un sommeil paradoxal qui dure plus longtemps, or c’est dans cette phase du sommeil que se fait l’apprentissage et la mémorisation. Un long sommeil paradoxal est un indice de la capacité à recueillir et à stocker des informations venant de l’extérieur
- Un cortex préfrontal (la partie la plus « pensante » et la plus « moderne » de notre cerveau) différent : croissance différente, plus de neurones et plus de connexions neuronales que chez les gens « normaux » (dans le sens : « dans la norme »)
- Une activation de différentes zones du cerveau pour une même tâche d’analyse.
Deux autres données importantes sont à savoir :
- Les zèbres naissent avec un haut QI, vivent avec un haut QI, et meurent avec un haut QI, et toutes leurs caractéristiques de personnalité. La douance est une caractéristique de naissance, et qui dure toute la vie.
- La douance est génétique : un enfant surdoué a au moins un parent surdoué, ou un ou des grands-parents si la douance a « sauté » une génération par atavisme. C’est un trait de famille…
Je ne m’étendrai pas plus longtemps sur les capacités intellectuelles, cognitives et neuronales des adultes surdoués, on l’aura compris, elles sont plus élevées que chez les « normaux ».
Que ce soit pour un zèbre, pour son entourage, ou pour les non-zèbres, ce qui est important de connaître et de comprendre, c’est leur psychologie, leur différence, leurs spécificités, pour développer de l’empathie, de l’acceptation et de la bienveillance. Afin de se comprendre.
Je conseille les adultes surdoués pour les aider à se connaître, à s’apprécier, et à augmenter leur capacité à être heureux.
Les zèbres ne sont pas « qu’un gros cerveau »…
Les tests de QI permettent de poser un « diagnostic » (dans le sens « bilan », car les surdoués ne sont pas des gens malades).
Mais au niveau psychologique et émotionnel, la réalité de ce que couvre la surdouance est bien, bien plus large. Ce sont ces caractéristiques et les souffrances qu’elles peuvent entraîner, mais aussi les avantages qu’on peut en tirer qui seront au coeur des articles de cette rubrique.
(1) Différents termes usuels :
- HP → haut potentiel
- HQI → haut quotient intellectuel
- THQI → très haut quotient intellectuel (individus ayant un QI total ≥ à 145 sur l’échelle standard)
- TTHQI → très très haut quotient intellectuel (individus ayant un QI total ≥ 160 sur l’échelle standard et ayant une nouvelle forme d’intelligence dite ‘conceptuelle’ – ex : Descartes) ;
- EIP → enfant intellectuellement précoce ;
- APIE → Atypique personne dans l’intelligence et l’émotion
- Zèbre → terme utilisé par Jeanne Siaud-Facchin pour désigner les personnes surdouées ;
- Surefficience mentale → utilisé par l’association GAPPESM (Groupement d’aide et de protection des personnes encombrées de sur-efficience mentale)
- Hyperphrénie → terme de psychiatrie désignant les capacités mentales les plus élevées de la population.
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bonjour,
Ma psy m’a dit de me renseigner sur le TDAH et le Zèbre…J’ai des doutes. S’il s’agit d’une différence neurobiologique ne faudrait-il pas faire des scans du cerveau avant de diagnostiquer ? Si je pose cette question, c’est que je me demande si on ne fait pas trop l’impasse sur l’environnement. Surtout chez les enfants que l’on a tendance à vouloir faire rentrer dans le moule – souvent à l’aide de médicaments.
Votre avis m’intéresse.
Jeremy
Merci pour ton retour Jérémy.
Il existe déjà pas mal de documentation sur les études faites sur le cerveau des surdoués, comme cette présentation, et tu trouveras des articles dans Science et Vie par exemple.
https://www.youtube.com/watch?v=-uyVhZ8FsZs
Oui, faire une IRM à côté des tests est une excellente idée.
Par contre, je ne suis pas certaine que les médicaments soient la solution, même en cas de troubles de l’attention. Notre monde pousse notamment au zapping et génère une surabondance d’informations, environnement qu’il faut donc épurer avant de poser un diagnostic…